vendredi 5 novembre 2010

TERRORISME à La Générale





LE RIDEAU A SONNETTE PRESENTE

TERRORISME

DE VLADIMIR ET OLEG PRESNIAKOV

LES 10, 11, 12 DECEMBRE 2010

A 20H30

A LA GENERALE
14, Av. PARMENTIER - 75011 PARIS
Entrée libre - Réservation : resatrzm@gmail.com
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Mise en scène : Nicolas Gaudart

Geoffroy Barbier, Céline Groussard, Delphine Jonas, Pascal Henry, Edouard Signolet, Elsa Tauveron, Maxence Tual
Lumières : Raphaël de Rosa
Vidéo : Guillaume Gaudart
Assistanat : Kimiko Kitamura
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LA PIECE
Aux portes d’un aéroport, un directeur de bureau est confronté à l’annulation de son vol en raison d’une alerte à la bombe.
Chez lui, sa femme et l’amant de celle-ci tentent par tous les moyens de réactiver leur désir.
Une de ses employées se pend sur son lieu de travail.
Dans la cour de son immeuble, deux grands-mères préméditent un assassinat…
Plus tard, l'immeuble explose…
Partant d’une thématique actuelle - la peur du terrorisme - la pièce remonte le fil de la contamination. Une vision radicale, saturée d’humour noir. Un monde dans lequel les êtres se partagent distinctement en deux camps : ceux qui terrorisent et ceux qui sont terrorisés.

©L’Arche Editeur

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LES AUTEURS
Vladimir Et Oleg Presniakov, originaires de l'Oural (nés d’une mère iranienne et d’un père russe), ont fait leurs études de Lettres à l'Université Gorki d'Ekaterinbourg. Fondateurs du théâtre pour la jeunesse à l’Université Gorky, ils créent un théâtre nouveau et expérimental. Auteurs dramatiques, romanciers, metteurs en scène, ils sont découverts
à Moscou avec Terrorisme, mise en scène au Théâtre d'Art en 2002 par Kirill Serebreniikov, qui leur vaudra le prix d’auteur européen en 2003 (la pièce a été jouée à Londres, elle est également traduite en allemand, portugais, suédois). Les Esprits captifs ainsi que Revêtement de sol ont été représentés à Moscou en 2004. Reconstitution a été créée au Festival d’Edimbourg en 2003 puis à Moscou au Festival du Masque d’Or 2005. Dans le rôle de la victime a été joué en lituanien sur-titré au Théâtre de la Commune en novembre 2007 (une adaptation cinématographique de la pièce a reçu en 2006 le prix du meilleur film au
Festival du Cinéma de Rome).

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NOS INTENTIONS
A la source de Terrorisme, il y a l’ambition de s’attaquer à l’un des plus puissants moteurs de l’imaginaire : la peur – terreur profonde, féconde, remontée du fond des âges, qui donne des ailes, dit-on.

Le Théâtre de Vladimir et Oleg Presniakov, imprégné par le climat particulièrement anxiogène qui singularise la Russie contemporaine, prend ici la forme d'une très saine tentative d’exutoire. En dignes héritiers de Gogol, Dostoïevski ou Nabokov, les auteurs usent tour à tour de l'absurde, du fantastique, de la satire radicale, pour nous donner à voir un monde tyrannisé par ses propres fantasmes. Un inventaire de situations familières, au sein desquelles un invariable sentiment d’effroi – qui entraîne une inhibition de la pensée et prépare l'individu soit à fuir soit à se défendre* – conditionne tous les rapports.

Anatole Felde & Gzion, diptyque burlesque de Hervé Blutsch et précédente création du Rideau à Sonnette, traitait également de la peur. Mais les personnages qu’il mettait en jeu s’efforçaient de l’envisager paradoxalement ; comme une force motrice, une dynamique naturelle du jeu, un ressort de l’imaginaire potentiellement salutaire.

Nous trouvons dans Terrorisme, comme une continuité. Une autre occasion de travailler sur la mécanique du fantasme, d’observer comment elle infuse au coeur de nos sociétés, d’imaginer un cadre esthétique qui nous permette de la considérer d’un point de vue distancié. La pièce, inédite en France, emblématique d'un nouveau courant théâtral russe particulièrement remarquable, s’accorde parfaitement avec les objectifs que nous nous fixons : défendre une écriture contemporaine critique, savante, nécessairement comique ; concevoir nos spectacles
comme un espace d’échanges, ludique et exigeant, sur ce qui nous fonde et nous constitue.

* Dictionnaire Larousse – Déf. « Peur »
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SUR LA MISE EN SCENE
« Le Passager », c’est ainsi que se nomme le personnage à travers qui la fable s’organise. Travaillé par l’épreuve de la menace terroriste permanente, il se fait le véhicule d’un fantasme qui a potentiellement toute la consistance du réel. Un cauchemar qui s'avoue lentement comme tel. Un espace mental inhibé, bouleversé, objet de surgissements, dans lequel les mécanismes d’élaboration, la dimension théâtrale, se révèleront de manière insidieuse.

La peur est une émotion aussi forte, immédiate et imprévisible que le rire. Ils sont tous les deux incroyablement contagieux et dominateurs. Une des grandes qualités de la pièce réside dans leur association et dans la circulation permanente et multiple qu’elle instaure entre eux. Terrorisme fait terriblement jouer le public grâce à la combinaison de ces deux sentiments puissants. Rire d’avoir eu peur, rire des peurs des autres (parce qu’elles sont aussi les nôtres), rire de la peur qu’on a de franchir certaines limites, avoir peur de ce qu’on y découvre, en rire… la peur de rire au mauvais moment, quand ça ne se fait pas... Le rire est, dit-on, le meilleur remède contre la peur. Les frères Presniakov nous rappellent qu’il ne sera jamais aussi voluptueux sans elle.

Dans un contexte de liberté d'expression relative, les auteurs avancent l'idée qu'un conflit esthétique doit leur permettre de témoigner de leur réalité tout en échappant au soupçon de protestation directe. Ils réinventent un Théâtre populaire et politique proche de ceux de Bertolt Brecht ou de Dario Fo. Terrorisme est une comédie féroce, un défouloir, nourri par une vraie maîtrise des procédés, des genres et des formes théâtrales. Drame moderne, Comédie Bourgeoise, Grand-Guignol, Farce, Théâtre de l’Absurde, de la Menace sont convoqués alternativement, s’entrecroisent, s’infectent, offrant aux acteurs un terrain de jeu particulièrement jubilatoire : une occasion de confronter et de décloisonner ces différents registres d’interprétation.


Cette condition d’un jeu polymorphe impose un cadre très épuré et fonctionnel, un assemblage d’outils réunis en fonction de leur maniabilité, de leur pouvoir d’évocation et de leur potentiel transfiguratif : une cage de scène, quelques chaises, des rideaux, un placard métallique, de rares accessoires, des dispositifs techniques maniables, des acteurs mobilisés à tous les niveaux de la composition, des images, un paysage sonore omniprésent, potentiellement pas raccord, un micro pour quelques commentaires, des costumes enfilés les uns par dessus les autres, des collants, des serviettes éponges…

Un archaïsme formel, stimulant, jubilatoire et vénéneux. Une expérience à vue, instable, risible et effrayante, dont l’objet sera l’observation de notre relation intime à la terreur.

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LA COMPAGNIE
LE RIDEAU A SONNETTE est une jeune compagnie, basée en Ile de France, regroupant un collectif d’acteurs et de metteurs en scène, autour d’une même exigence et d’une même volonté de défendre la création contemporaine. Anatole Felde & Gzion d’Hervé Blutsch, mis en scène par Nicolas Gaudart, a été notamment présenté à la MC93 - Bobigny en septembre 2006. Petit’Ô, création jeune-public conçue par Sandrine Nicolas, Hélène Seretti et Gwenaëlle Mendonça, a vu le jour en avril 2008. Ce spectacle, qui a reçu le soutien à la diffusion d’ARCADI, est actuellement en tournée dans toute la France.

pour toute demande ou information : lerideauasonnette@hotmail.fr